11 janvier 2009

contre vents et marées

« Apre » pourrait aussi être employé pour désigner le dernier livre d’Olivier Adam. Alors, je vais tâcher de rester sobre (pas de cris d’hystérie comme ceux des fillettes croisant le regard d’un acteur d’ Hight Scool Musical).
Paul -Adam est un lecteur de Dubois- tente de survivre depuis la disparition mystérieuse de sa femme Sarah, entourant comme il le peut Manon et Clément, ses enfants . Tout ce petit monde parle peu, de peur de dire l’indicible, l’impensable. Paul boit, n’écrit plus, et décide de retourner vivre là où il a grandi, près de la mer, à Saint Malo.

Olivier Adam disait dans une émission que le lieu lui donnait l’histoire. Il a souvent situé ses romans en banlieue, no man’s land où des destins banals se transforment sous sa plume en récit héroïque du quotidien. Là, il laisse ses personnages virevolter dans les Vents Contraires, débridés de presque toute ponctuation, tout en les observant avec une tendresse et une douceur dénuées de pathos. Les couleurs, l’eau, le souffle de la Bretagne sont au premier plan, et déteignent sur les hommes et femmes qui vivent au fil de ce temps là. Un temps de l’absence et du manque, de la fraternité et du souvenir.
Simplement beau.

« De l’autre côté des murs, c’était comme sortir d’une pièce close et sans fenêtres. Soudain l’air se remettait à gonfler les poumons, à circuler dans les rues et la pluie vous trempait en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire. Les bruits eux-mêmes ont semblé retrouver leur texture habituelle. J’ai retrouvé la voiture et ma bouteille. J’ai bu une large gorgée et le liquide sirupeux s’est propagé dans mon ventre et mes bras, je le sentais gagner jusqu’au moindre de mes ongles, me refaire une armure. Je suis ressorti et j’ai marché jusqu’à la mer, je tanguais au moins autant qu’elle, la pluie n’était plus qu’un crachin qui m’enveloppait. Sur le front de mer ça soufflait à plein poumons, j’étais saoul et trempé, je voulais que le vent me ressuscite. J’ai filé droit vers la pointe, les mûriers me griffaient aux chevilles, les ronces filaient ma chemise. La chapelle dominait les flots gris, des verts mouillés la cernaient, où perçaient de maigres bruyères. Mes pas résonnaient sous mon crâne, s’enfonçaient dans la terre spongieuse des sentiers(…) »

2 commentaires:

Mister J a dit…

ce passage me fait penser à un soir de toussaint, en corse, après une longue journée à la rame... un repas de fortune arrosé, par dessus la fatigue et le vent d'une tempête qui se dessinait... la toile de tente me fit alors penser à la voilure des abysses...

zapata a dit…

J'aimerai tellement manier la langue avec autant d'aisance ! Non, je pense à la Bretagne ou aux Terre-neuvois. La chapelle, les flots gris, on retrouve ce type de paysage dans Capitaine Achab un film de Philippe Ramos paru l'année dernière.
La bretagne région meurtrie (dédicace à 2mimouche)