30 octobre 2006

Allez voir...

ce petit film.

"il ne tyrannise point, il gêne..."

QUELLE ESPECE DE DESPOTISME LES NATIONS DEMOCRATIQUES ONT A CRAINDRE...

Lorsque je songe aux petites passions des hommes de nos jours, à la mollesse de leurs moeurs, à l'étendue de leurs lumières, à la pureté de leur religion, à la douceur de leur morale, à leurs habitudes laborieuses et rangées, à la retenue qu'ils conservent presque tous dans le vice comme dans la vertu, je ne crains pas qu'ils rencontrent dans leurs chefs des tyrans, mais plutôt des tuteurs. Je pense donc que l'espèce d'oppression dont les peuples démocratiques sont menacés ne ressemblera à rien de ce qui l'a précédée dans le monde; nos contemporains ne sauraient en trouver l'image dans leurs souvenirs. Je cherche en vain moi-même une expression qui reproduise exactement l'idée que je m'en forme et la renferme; les anciens mots de despotisme et de tyrannie ne conviennent point. La chose est nouvelle, il faut donc tacher de la définir, puisque je ne peux la nommer.
Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde: je vois une foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d'eux, retiré à l'écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres: ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l'espèce humaine; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d'eux, mais il ne les voit pas; il les touche et ne les sent point; il n'existe qu'en lui-même et pour lui seul, et s'il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu'il n'a plus de patrie.
Au-dessus de ceux-la s'élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d'assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l'âge viril; mais il ne cherche, au contraire, qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu'ils ne songent qu'à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur; mais il veut en être l'unique agent et le seul arbitre; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?
C'est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l'emploi du libre arbitre; qu'il renferme l'action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu à peu chaque citoyen jusqu'à l'usage de lui-même. L'égalité a préparé les hommes à toutes ces choses: elle les a disposés à les souffrir et souvent même à les regarder comme un bienfait.
Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l'avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière; il en couvre la surface d'un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige; il force rarement d'agir, mais il s'oppose sans cesse à ce qu'on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n'être plus qu'un troupeau d'animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger.
J'ai toujours cru que cette sorte de servitude, réglée, douce et paisible, dont je viens de faire le tableau, pourrait se combiner mieux qu'on ne l'imagine avec quelques unes des formes extérieures de la liberté, et qu'il ne lui serait pas impossible de s'établir à l'ombre même de la souveraineté du peuple.
Nos contemporains sont incessamment travaillés par deux passions ennemies: ils sentent le besoin d'être conduits et l'envie de rester libres. Ne pouvant détruire ni l'un ni l'autre de ces instincts contraires, ils s'efforcent de les satisfaire à la fois tous les deux. Ils imaginent un pouvoir unique, tutélaire, tout-puissant, mais élu par les citoyens. Ils combinent la centralisation et la souveraineté du peuple. Cela leur donne quelque relâche. Ils se consolent d'être en tutelle, en songeant qu'ils ont eux mêmes choisi leurs tuteurs. Chaque individu souffre qu'on l'attache, parce qu'il voit que ce n'est pas un homme ni une classe, mais le peuple lui-même, qui tient le bout de la chaîne.
Dans ce système, les citoyens sortent un moment de la dépendance pour indiquer leur maître, et y rentrent.
II y a, de nos jours, beaucoup de gens qui s'accommodent très aisément de cette espèce de compromis entre le despotisme administratif et la souveraineté du peuple, et qui pensent avoir assez garanti la liberté des individus, quand c'est au pouvoir national qu'ils la livrent. Cela ne me suffit point. La nature du maître m'importe bien moins que l'obéissance.
Je ne nierai pas cependant qu'une constitution semblable ne soit infiniment préférable à celle qui, après avoir concentré tous les pouvoirs, les déposerait dans les mains d'un homme ou d'un corps irresponsable. De toutes les différentes formes que le despotisme démocratique pourrait prendre, celle-ci serait assurément la pire.
Lorsque le souverain est électif ou surveillé de près par une législature réellement élective et indépendante, l'oppression qu'il fait subir aux individus est quelquefois plus grande; mais elle est toujours moins dégradante parce que chaque citoyen, alors qu'on le gêne et qu'on le réduit à l'impuissance, peut encore se figurer qu'en obéissant il ne se soumet qu'à lui-même, et que c'est à l'une de ses volontés qu'il sacrifie toutes les autres.
Je comprends également que, quand le souverain représente la nation et dépend d'elle, les forces et les droits qu'on enlève à chaque citoyen ne servent pas seulement au chef de l'Etat, mais profitent à l'Etat lui même, et que les particuliers retirent quelque fruit du sacrifice qu'ils ont fait au public de leur indépendance.
Créer une représentation nationale dans un pays très centralisé, c'est donc diminuer le mal que l'extrême centralisation peut produire, mais ce n'est pas le détruire.
Je vois bien que, de cette manière, on conserve l'intervention individuelle dans les plus importantes affaires; mais on ne la supprime pas moins dans les petites et les particulières. L'on oublie que c'est surtout dans le détail qu'il est dangereux d'asservir les hommes. Je serais, pour ma part, porté à croire la liberté moins nécessaire dans les grandes choses que dans les moindres, si je pensais qu'on pût jamais être assuré de l'une sans posséder l'autre.
La sujétion dans les petites affaires se manifeste tous les jours et se fait sentir indistinctement à tous les citoyens. Elle ne les désespère point; mais elle les contrarie sans cesse et elle les porte à renoncer à l'usage de leur volonté. Elle éteint peu à peu leur esprit et énerve leur âme, tandis que l'obéissance, qui n'est due que dans un petit nombre de circonstances très graves, mais très rares, ne montre la servitude que de loin en loin et ne la fait peser que sur certains hommes. En vain chargerez-vous ces mêmes citoyens, que vous avez rendus si dépendants du pouvoir central, de choisir de temps à autre les représentants de ce pouvoir; cet usage si important, mais si court et si rare, de leur libre arbitre, n'empêchera pas qu'ils ne perdent peu à peu la faculté de penser, de sentir et d'agir par eux-mêmes, et qu'ils ne tombent ainsi graduellement au-dessous du niveau de l'humanité.
J'ajoute qu'ils deviendront bientôt incapables d'exercer le grand et unique privilège qui leur reste. Les peuples démocratiques qui ont introduit la liberté dans la sphère politique, en même temps qu'ils accroissaient le despotisme dans la sphère administrative, ont été conduits à des singularités bien étranges. Faut-il mener les petites affaires où le simple bon sens peut suffire, ils estiment que les citoyens en sont incapables; s'agit-il du gouvernement de tout l'Etat, ils confient à ces citoyens d'immenses prérogatives; ils en font alternativement les jouets du souverain et ses maîtres, plus que des rois et moins que des hommes. Après avoir épuisé tous les différents systèmes d'élection, sans en trouver un qui leur convienne, ils s'étonnent et cherchent encore; comme si le mal qu'ils remarquent ne tenait pas à la constitution du pays bien plus qu'à celle du corps électoral.
Il est, en effet, difficile de concevoir comment des hommes qui ont entièrement renoncé à l'habitude de se diriger eux-mêmes pourraient réussir à bien choisir ceux qui doivent les conduire; et l'on ne fera point croire qu'un gouvernement libéral, énergique et sage, puisse jamais sortir des suffrages d'un peuple de serviteurs.
Une constitution qui serait républicaine par la tête, et ultra-monarchique dans toutes les autres parties, m'a toujours semblé un monstre éphémère. Les vices des gouvernants et l'imbécillité des gouvernés ne tarderaient pas à en amener la ruine; et le peuple, fatigué de ses représentants et de lui-même, créerait des institutions plus libres, ou retournerait bientôt s'étendre aux pieds d'un seul maître.


Voici un portrait impitoyable de la réalité contemporaine, composé il y a plus de 150 ans par Alexis de Tocqueville (De la Démocratie en Amérique, vol. II, Quatrième Partie, Chapitre VI, 1840).
A méditer goulûment...

23 octobre 2006

Chirak


Qui est-il vraiment cet homme que nous subissons depuis tant d'années? Un jeune ambitieux? Un incompétent notoire? Un opportuniste sans scrupules?
Enfin des réponses et une chaîne publique qui produit du bon documentaire (j'espère)...
A ne pas manquer ce soir sur France 2 dès 20h50. J'attends vos commentaires et vos réactions.
P.S: il s'agit de l'homme de droite sur la photo, plutôt enfant de choeur à côté de celui qui est placé à gauche.

16 octobre 2006

Fraîcheur

S'il vous plaît, allez voir ce clip de Kamini qui vous met un p'tit coup de verdure là où on en a besoin: cliquez ici.
Bien sûr, je ne m'adresse pas aux bloggeurs troglodytes qui n'ont ni le son ni l'image (j'espère au moins que leur PC décore agréablement leur salon, ils n'auront ainsi pas tout perdu).

PS: article de Libé sur lui.

14 octobre 2006

polémiquons, miquons.

Faut-il sanctionner (positivement ou négativement) nos chers élèves par une note qui figurerait sur le bulletin au même titre que les notes un peu aléatoires, il faut le dire d'un keski ou d'un j'voirabien ( c'est bien connu y'a que les notes en maths qui ont une valeur scientifiquement objective). Même en histoire, les faits sont les faits ou alors on s'inscrit à une certaine fac à Lyon et on vote pour un mec qui peut-être va se retrouver au 2° tour si on ne réagit pas TOUT DE SUITE !!!!
Bref trop de digression tue la digression, alors t'en penses quoi toi de la réduction mammaire ?

12 octobre 2006

11 octobre 2006

Soirées sympas (méprisons le corps)

Pendant que certain(e)s choisissent d'interroger fiévreusement leur corps en regardant les programmes décadents de la chaîne crypto-spartakiste Arte (Eh oui, elles simulent toutes !), d'autres s'exercent aux joies de l'esprit et décident d'ajouter à leur vie déjà fleurie des lumières nouvelles et printanières...
Microcrystalline ? Pétrolatum ?
Vous ne savez pas ce que désignent ces mots enchanteurs ? Vous aussi, vous êtes en quête de sens ? Eh bien, le bonheur n'est pas loin. Allez vous ressourcer sur ce site.

Bonnes soirées à toutzétouss !

09 octobre 2006

ECOEURANT

"L'ancien premier ministre Alain Juppé a réussi son retour sur la scène politique, sa liste remportant 56,24 % des voix aux municipales de Bordeaux, dès le premier tour "
Emplois fictifs, appartement pour le fiston, rien n'y a fait! La gauche est même étonnamment restée silencieuse.
La démocratie a-t-elle ses limites? Faut-il blâmer les politiques corrompus ou les électeurs amnésiques et consuméristes?

une petite bise !

Bonsoir à tous,
j'espère être à la hauteur de tous vos écrits passés,présents et à venir !

04 octobre 2006

De droite ou de gauche ? L'avis de Pierre Bourdieu

Ce document dure 11 minutes et fait couler beaucoup d'encre en ce moment. Le sociologue disparu en 2002 y parle de la différence entre la gauche et la droite. Et Dieu sait que nous entrons dans des temps où il est important de savoir reconnaître ses petits...
Je vous recommande de voir tout le petit film mais si vraiment vous voulez savoir ce qui a créé la polémique, sautez les 510 premières secondes (hi hi hi, un peu de calcul mental ne vous fera pas de mal).

blagounette après une journée difficile

Le premier ministre Dominique de Villepin, le ministre de l'Intérieur
Nicolas Sarkozy et le ministre des Finances Thierry Breton survolent la
France dans un jet. Villepin se tourne vers le p'tit Nico et dit en faisant
de l'esbrouffe:

" Tu sais, ,je pourrais jeter un billet de 500 euros par la fenêtre et
rendre quelqu'un très heureux".

Nico lui réplique:

" Eh bien, je pourrais jeter 10 billets de 50 euros par la fenêtre et
rendre 10 personnes heureuses".

Pour ne pas être en reste, Thierry dit:

" Je pourrais jeter 100 billets de 5 euros par la fenêtre et faire 100
heureux".

Le pilote soupire et dit à son co-pilote:

" Non mais t'entends cette bande d'arrogants à l'arrière. Ils ne se
rendent pas compte que je pourrais jeter trois connards par la fenêtre et
rendre des millions de gens heureux ".

01 octobre 2006

Mon coup de coeur ciné


allez-y, ca vaut le coup!
Un sujet grave, traité avec beaucoup de retenue et de finesse.
Jvoirabien le conseille aussi !