Juste un petit post pour remercier mon ami Chémato que j'aime, de sa délicate attention...J'ai déjà ce livre, mais le relire en sachant d'où vient cet exemplaire, et bien, ce n'est pas pareil. Voilà, j'ai encore une crise d'affection, comme parfois, comme pas assez souvent, je crois... Je me tais donc et laisse parler Philip Besson, je vous offre cela à mon tour, à vous, communauté bloggeuse et chère.
«Aimer, ce n'est pas emprunter des routes toutes tracées et balisées. C'est avancer en funambule au-dessus de précipices et savoir qu'il y a quelqu'un au bout qui dit d'une voix douce et calme : avance, continue d'avancer, n'aie pas peur, tu vas y arriver...»
"Tu sais cela, toi mieux que quiconque : ma fragilité devant l'irréparable, mon effroi devant l'inintelligible. "
"Allez, assez des mensonges, assez des minables arrangements avec la vérité ! Il y a ceci que j'ai fini par comprendre (ou plutôt par admettre tellement ça crevait les yeux), une évidence qui n'est pas à mon honneur, une réalité médiocre et indiscutable : cette écriture supposée t'être destinée, être tournée uniquement vers toi, dédiée, réduite à toi seul, n'avoir d'autre objet que de t'atteindre, oui, cette écriture-là, censément dépouillée de toute volonté autre, n'est évidemment qu'un acte profondément égoïste. Je sais bien, et depuis le début, qu'elle n'est que pour moi, cette écriture, quej'en suis l'émettrice et la destinataire, qu'elle va de moi à moi. Peu importe qu'elle soit sinueuse, qu'elle emprunte des chemins détournés, elle revient à son point de départ ; s'est-elle même départie de son immobilité ? Mais n'est-ce pas là le lot de toute écriture ? On écrit jamais pour les autres, jamais. On écrit que pour soi. On prétend dialoguer mais tout n'est que soliloque. "
extraits de Se Résoudre aux adieux de Philip Besson
10 commentaires:
Le hasard (si il existe) aura voulu que je relise justement ces très belles lettres de Louise à Clément, hier soir, d'une seule traite. "Le pays", tu as mis en relief certaines des plus belles phrases de ce livre ; je retiens pour ma part " aimer ce n'est pas gagner à tous les coups. C'est prendre des risques, faire des paris incertains, connaître la frayeur de perdre sa mise pour mieux savourer le frisson de la doubler" et les 2-3 dernières pages, moment suspendu et criant de vérité où des êtres qui se sont aimés se croisent et se parlent..mélange de conversation banale et pourtant unique ...
Bon, je reviens à du terre à terre: vive les vacances ! bises.
Je sais bien que certains sujets laissent certains sans voix...Ce n'est pas ton cas, tant mieux...(Et j'aime les coïncidences.)
je t'embrasse, fille chocolat.
Ca me fait aussi très bizarre que tu utlises l'expression "moment suspendu"..Je raconterais un jour, peut-être, pourquoi...(encore une coïncidence)
Merci pour cette crise d'affection. Surtout, Le Pays, dès que t'en as une autre, n'hésite pas. J'aime bien quand on fait partager ses lectures.
C'est vrai que certains sujets comme celui-ci laissent les bloggeurs sans voix. Maintenant, si tu souhaites avoir des réactions, est-ce que je pourrais adresser une critique des extraits de l'ouvrage que tu as présentés ? Cette question s'adresse aussi évidemment à dame Nutella...
Bien sûr, la critique est acceptée...Que serait un monde sans divergences, sans échanges???
Je suis ravi de t'avoir fait plaisir, Mon cher Pays.
Pour le reste, je laisse les spécialistes s'exprimer...
bien sûr Keski que tu peux exprimer ton point de vue, même si il devait "heurter" le mien ...toujours intéressant d'accéder à une sensibilité différente, et notamment, sur les extraits qui nous occupent, une sensibilité masculine ...
Salut les meufs.
Juste quelques mots pour le plaisir de parler d’amour et de bouquins. Et aussi pour apporter la contradiction, poil au menton.
La poésie des deux premiers extraits m'a touché même si le lecteur effronté que je suis reste (c'est plus fort que moi) parfaitement rétif aux propos du type: "aimer, ce n'est pas..., c'est...". Sans compter que le "aimer, ce n'est pas emprunter des routes toutes tracées et balisées" me laisse songeur. Qui, ayant un minimum bourlingué sur les mers du désir, est encore convaincu du contraire ? C’est dommage, cette phrase qui n’apporte rien, juste avant la belle formule qui suit. Ca me rappelle les exercices de gymnastique (salut à toi, Nez Rouge) où il faut sauter sur le tremplin avant de passer le cheval d’arçon. Là, je trouve le tremplin rhétorique un peu déficient.
C'est ce qui me gêne avec la forme romanesque (je lis peu de romans) que je trouve parfois maladroite chez certains auteurs ; cet instant où le romancier, n’y tenant plus car ça fait des pages qu’il s’y prépare en trépignant, arrête son lecteur par l'épaule et lui lance son "message" où prospère le présent de vérité générale.
Quant au troisième extrait, j’ai du mal à m’associer à la narratrice qui semble découvrir sur elle-même ce que beaucoup (notamment les moralistes, les nouveaux romanciers et dramaturges, les psys) ont déjà exploré depuis bien longtemps. La forme est belle mais le fond est un peu du déjà-lu. Ce qui, je suis d’accord avec vous, n’enlève rien à la vérité du propos.
Alors, c’est sûr que comme j’ai pas lu le livre (manquent la contextualisation, l’émotion accumulée au fil des pages, l’identification aux personnages), mes commentaires peuvent passer complètement à côté de l’ouvrage. Mais, ces extraits, en eux-mêmes et pour eux-mêmes, me font réagir d’une manière un peu critique même si l’auteur a une belle plume.
Bon ben c’était Keski Liconnè, coiffeur à Cajarc. Tout ça, j’le dis pour faire avancer le schmilblick, bien sûr. Des bises à chacune.
PS : Le Pays, tu as raison d’aimer Chemato mais il est quand même très malhonnête quand le débat porte sur la citation pédagogique du mois.
En plus, il est de droite.
Bien sûr, le thème de l'amour, on en a fait le tour, bien sûr, "tout a déjà été écrit et l'on vient trop tard"...pas tout à fait d'accord sur l'histoire d'écrire pour soi...Je crois que c'est discutable, et pas si admis que cela pour tout le monde...C'est vrai aussi que le présent de vérité générale est parfois agaçant. En fait, si je résume ma pensée, je dirai que, contrairement à toi , je ne lis QUE des romans, parce que je cherche, en recoupant tous ces vécus émotionnels, à définir ma position vis à vis de cela, le sentiment, l'appréhension du monde. Et je préfère l'aborder d'un point de vue émotionnel plutôt que d'un point de vue philosophique, par exemple, ou rationnel. Peut-être suis je plus instinctive qu'intellectuelle finalement.C'est pour cela que je n'aime pas trop le nouveau roman, la destruction de la forme romanesque classique.C'est pour cela que je préfère toucher du doigt que disséquer (j'ai pourtant fait des études de science). Je ne sais pas si je suis très claire...
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