01 avril 2009

Chem' on C(h)iné en Mars

Un mois de Mars dense en émotions et en réflexion.









Walkyrie…
Le pitch : l’histoire de l’attentat raté contre Hitler en Juillet 1944.
Keske janpense : L’intérêt du film est de montrer et d’expliquer en détail comment des hommes proches du pouvoir ont à un moment tout fait pour se débarrasser d’Hitler. Dommage que leurs motivations soient délaissées au profit du déroulé événementiel, au risque d’oublier d’où viennent ces hommes, l’ambigüité de leur parcours (nazi tiède ?). Le film fait de Von Stauffenberg un héros. Discutable.

















La fille du R.E.R ...
Le pitch : Une jeune fille paumée invente une fausse agression antisémite qui devient une affaire d’Etat.
Keske janpense : Il faut l’avouer, je suis déçu par ce film de mon cinéaste français préféré, voire adulé, André Téchiné. Des Roseaux sauvages à Ma saison préférée, des Témoins aux Egarés, j’adore ces ambiances solaires, ces personnages qu’on ne décrypte jamais tout à fait, ces sentiments qui s’affirment. Comme d’habitude chez Téchiné, le contexte historico-politique est traité superficiellement. Ce qui est gênant, c’est que s’intéresser d’abord à la mythomane et en montrer la vacuité, c’est prendre le risque de faire le film sur du vide. Quelques personnages en arrière plan (la famille juive) rendent le film un peu plus consistant. Bon allez je te pardonne André, j’attends le suivant, et puis il y a la rétrospective à la cinémathèque














Welcome…
Le pitch : Un kurde réfugié à Calais prend des cours de natation pour rejoindre l’Angleterre. Un maître nageur s’en émeut et l’aide à réaliser son projet.
Keske janpense : Une très bonne surprise. Ici, on s’intéresse un peu au migrant, et beaucoup à nous tous, nous qui avons connaissance de cette réalité, tous ceux qui aident, n’aident pas, rejettent ou simplement s’émeuvent. Aucun des personnages n’est caricatural et la complexité du personnage du maître nageur (joué par Vincent Lindon toujours pro pour incarner Monsieur Toulemonde) rend le film intéressant avec une fin artificiellement larmoyante. A travers un destin individuel, on prend la mesure des ravages causés par une politique sécuritaire, qui ne fait que surfer sur les peurs.






Gran Torino ...
Le pitch : Un vieil homme, aigri et raciste, part involontairement à la rencontre de ses voisins.
Keske janpense : Clint nous sort un film tous les 3 mois et c’est à chaque fois une merveille. On aime pour la dimension politique(le vieux représente l’Américain moyen de l’ère Bush, qui prend conscience que l’autre n’est pas qu’un dangereux terroriste), la dimension religieuse (tel Jésus se sacrifiant pour les autres), pour le subtil jeu d’acteur. Bouleversant mais j’ai quand même réussi à retrouver mon code Pin à la fin. Faut dire que la Neige était là et qu’on était inquiet pour un camarade accidenté.














La journée de la jupe...
Le pitch : Une prof bordélisée découvre une arme dans sa classe et décide de la prendre en otage.
Keske janpense : J’arrivais avec pleins de préjugés : Isabelle Adjani va encore jouer l’hystérique, c’est encore une histoire extrême pour faire sensation. Là aussi, heureuse surprise, la prise d’otage laisse place à tous les débats qui se cristallisent autour de l’école : laïcité, rapport filles/garçons, délinquance, place de l’adulte. Là aussi, la fin larmoyante n’apporte rien mais Isabelle Adjani, sans doute portée par son histoire personnelle, incarne bien cette « prof de français qui veut le rester ».







Harvey Milk ...
Le pitch : La bio pic du premier homme politique ouvertement gay dans le San Francisco des années 70

Keske janpense : Certes, il ya des causes auxquelles on est plus ou moins sensible…mais ce film m’a complètement bouleversé. Sean Penn se fond avec un talent incroyable dans la peau du personnage. Le film retrace à la fois, à l’aide d’images d’archive, l’histoire personnelle d’Harvey et le combat politique. Il montre très bien à quel point la démocratie permet d’exprimer toutes les opinions, y compris les plus iconoclastes (ce n’est pas un hasard si le mouvement revendicatif gay y est né alors qu’en Europe ou en U.R.S.S, on réprimait très fort) et qu’elle peut être aussi une formidable machine à opprimer les minorités. Bien sûr, on peut trouver l’émotion surexprimée à la fin mais les circonstances elles mêmes étaient dramatiques, et l’habileté du film, c’est d’utiliser les recettes traditionnelles de la bio pic pour convaincre un large public…Ce qui n’est pas joué d’avance comme l’ont montré en 2008, les 52% de californiens qui ont rejeté le mariage gay… Un très beau film militant.

12 commentaires:

Keski Lapadila a dit…

Merci pour cette chronique éclairante mais je reste toujours aussi sceptique sur la signalétique patatesque (les 2 patates, on croirait des pommes pourrites, quant aux 3 patates, on est à la limite du scabreux commême).

Tu veux pas nous mettre des étoiles plutôt ou même encore une note ? (t'es un collègue pédagogique, nom d'une pipe, tu sais faire)

chemato a dit…

Merci pour cette analyse de fond.

Keski Lapadila a dit…

De rien.

Mister J a dit…

ça donne envie ! mais désolé, je n'ai vu aucun de ces films.
Je suis allé aux spectacles vivants.

Allez un peu moins au ciné, pour aller voir, un peu plus de spectacles vivants...l'émotion en direct peu être forte, très forte...on peu rire, pleurer, avoir la chair de poule et en plus c'est en live, en direct...la prise de risque est énorme.Et une scène râtée ne se refait pas...
Je vous promet que j'irai plus au ciné, en échange (ou le seul risque est de payé un peu cher pour du non apprécié...)
C'est vrai, que les problèmes traités ne sont pas forcément les mêmes...

Qui à la manif du 1er Mai ? je sais...c'est un jour férié, ou sans doute il fera beau, ou sans doute tous les prétextes seront bons...Vous en faites pas, y'aura toujours des gens pour marcher pour les autres...

zapata a dit…

je ne suis pas d'accord sur Milk, j'ai trouvé que pour un film de Gus van sant cela faisait trop biographie à l'américaine. J'attendais autre chose du réalisateur, Sean penne est très bon et les archives sont utilisés à bon escient. Walkyrie m'a laissé un peu sur ma faim, agréablement surpris par Tom Cruise, on donne peut être trop d'importance à son personnage mais je pense que l'armée n'était pas entièrement nazie et leur dilemme est cornélien

Odette Amo a dit…

définitivement, les films de mars sont un sujet ultra sexy...

chemato a dit…

ultra sexy? C'est à dire Odette?

Bon, d'accord pour les spectacles vivants Nez rouge, mais ne dénigre pas les passions des autres, fais nous ta rubrique et arrête de nous donner des leçons de morale!

Mister J a dit…

je ne dénigre pas ptit camarade. Tu me connais un peu. Je chatouille...j'ai peu de temps pour aller au ciné. Et au ciné aussi, j'ai déjà versé ma larme, eu le frisson et de belles émotions. Il m'est arrivé aussi de me faire chier au spectacle vivant...pas plus tard qu'il y' a pas longtemps...pour le spectacle de connaissances en plus. Pour leur dire en plus...pas simple.

J'ai déjà ici fait, la pub de spectacles...sans retour ou presque...

J'ai dit aussi que ça donne envie.
Loin de moi les leçons et pas talentueux "rubriqueur" comme vous.

Je continuerai de lire vos passions et de vous chatouiller...
Chacun empreinte le terrain qu'il peut...

nezrougeenrepentir a dit…

...chacun empreinte le terrain qu'il peut dans l'amour vache !..tu connais...

Neige ensablée a dit…

Ce soir, un parent m'a cité des paroles d'un grands pédagogues, j'en ai eu des frissons (de plaisirs) dans le dos... Je pense que la surprise de ce nom cité, sans qu'on s'y attende, de notre nezrouge m'a laissé croire un moment que tu étais entre les mêmes murs que nous...

Pour le 1er Mai, tu t'y prends bien tôt... Qui dit que demain matin nous serons toujours là déjà!

De toutes façons, j'appellerai si il y a moyen!

nezrouge? a dit…

C'est vrai...je suis déjà mort un 29 avril...Alors !
Donc si je ne réponds pas, c'est qu' il n'y aura plus moyen...

Pour ton histoire de frisson et de murs...je n'ai rien compris.

Odette Amo a dit…

Cher Chemato,
Concernant les sujets sexy, rien de bien transcendant : c'est juste une expression typiquement zapatienne nouvellement découverte, et le voyant si prolixe face à ces films marsiens, je me suis permise d'employer un mot d'origine autochtone. En espérant ne pas t'avoir déçu... ;o)