19 octobre 2008

roman des origines

Restriction budgétaire oblige, j'ai acheté en Poche différents livres de l'année dernière, dont Un Roman Russe d'Emmanuel Carrière.
Je connaissais déjà ce dernier pour L'Adversaire et la Classe de neige, deux romans dans lesquels on retouve des situations innommables où l'homme sombre dans la folie. Celui-ci se présentait davantage comme un roman autobiographique : un écrivain, Emmanuel, commence un roman, un documentaire et une histoire d'amour simultanément.

Au début, on est un peu déconcerté, on cherche le lien entre ce grand-père russe qui plane comme un fantôme au-dessus des têtes, les visites à Kotelnitch (bled paumé et dramatiquement triste), l'amour avec Sophie, l'écriture fantasmée et réelle... Et puis, finalement, on se rend compte que l'écrivain lui-même cherche le lien, le déclic qui lui permettrait de résoudre l'énigme qui fait de lui ce qu'il est, afin de pouvoir s'en affranchir, que toutes ces facettes de sa propre vie puissent (re)devenir indépendantes les une des autres.

Finalement, j'ai aimé, c'est complexe, psychanalytique, on reconnait la plume d'un écrivain parisien déchiré entre un existentialisme mondain et une envie simple d'être heureux.
Extrait:

"C'était à la piscine, en vacances, au soleil. Je devais avoir cinq ou six ans, j'apprenais à nager. Tu étais assise, toi, à l'extrémité du bassin, sur les marches, les pieds dans l'eau, et tu ne me quittais pas des yeux pendant que je prenais ma leçon. Tu portais un maillot une pièce à rayures noires et blanches. Tu étais jeune, tu étais belle, tu me souriais. Traverser le bassin, cela voulait dire aller vers toi. Tu me regardais approcher, et moi, le menton hors de l'eau, la main du moniteur sous le ventre, je te regardais me regarder et j'étais incroyablement fier et heureux de m'approcher de toi en nageant, d'être regardé par toi en train de nager;
C'est étrange, mais parfois, en écrivant ce livre, j'ai retrouvé cette sensation inoubliable: celle de nager vers toi, de traverser le bassin pour te rejoinde."

6 commentaires:

Mme RIVEMALE a dit…

De mon coté, crise financière oblige, je vais au cinéma à la séance de 11h, moins chère .

J'y ai vu un bijou de finesse, le dernier Woody Allen (du niveau de Match Point selon moi) .
Où comment, sous une apparente légereté et des dialogues virevoltant, peindre en profondeur et avec subtilité la question des choix amoureux et ce qu'ils révèlent de nous .

Subtil je vous dis.

Keski Lapadila a dit…

Tout à fait d'accord avec Dame Nut !

chemato a dit…

Désolé, mais moi j'ai trouvé que ça ressemblait à un roman photo dont les images bougent. Le décor est aussi très carte postale...dans Match point, ca allait un peu plus loin, non?
Mais revenons au roman du pays...je ne sais pas ce que ca vaut mais L'adversaire et la classe de neige ont été de bons films.

lepaysdesreves a dit…

Bizarrement, je n'accroche pas beaucoup avec Woody...Pourtant, ça parle de prises de tête et d'amour, mais je me trouve à distance, trop d'ironie ...Par exemple, je n'avais pas trop aimé Match point.Le ton, les acteurs, tout était bien, mais je trouve ça presque trop lisse, désincarné.

chemato a dit…

Bravo pour l'extrait de film!
Emouvant de revoir le dernier film que t'as vu au cinéma Keski...Tu te souviens? T'avais utilisé tes dernières places pathé juste avant expiration.
Nostalgie quand tu nous tiens.

Keski Lapadila a dit…

Odieux.