22 octobre 2009

C'est notre époque (avec Carrefour, on positive !)...

La crèche Émile-Zola de Carpentras vient de changer de nom, jugeant «peu valorisante» la référence à un écrivain dont l'oeuvre est particulièrement sombre.


La littérature peut provoquer des dommages pour l'équilibre psychique des enfants. Sans doute va-t-il falloir obliger les éditeurs à intégrer cette mention sur la couverture des ouvrages. La crèche Émile-Zola accueille depuis quarante ans les bambins d'un quartier de Carpentras. Mais le conseil municipal, pour cet anniversaire, vient de décider de débaptiser la crèche. Le motif ? Le «misérabilisme» associé au nom de l'écrivain «démoraliserait» les personnels.

La mairie, passée à gauche aux dernières élections municipales, se défend d'avoir voulu effacer le nom du grand auteur, qui demeure associé à la rue et au quartier alentour. Mais on souligne qu'il s'agit là d'une vieille demande du personnel, qui voit dans l'expression consacrée «une enfance à la Zola», une référence «peu valorisante». Émile Zola, le récit de la misère ouvrière, le déterminisme social… Voilà qui pourrait même, si l'on n'y prend garde, avoir une influence néfaste sur le moral des pauvres petits. Qui sait si ce stigmate précocement apposé ne mettrait pas en danger la réussite future des enfants ? Le sujet mériterait une étude scientifique.

Laissant l'écrivain dreyfusard à ses vieilles lunes littéraires, le personnel et les parents ont donc voté pour un nom qui laisse espérer pour les chères têtes blondes un avenir plus rose : les «Petits Berlingots».


Le Figaro, 20/10/2009.

4 commentaires:

Keski Lapadila a dit…

Et en plus ce coup bas sans nom vient de la gauche !

lepaysdesreves a dit…

On m'a toujours dit de refuser les bonbons des inconnus.Quel misérable raccourci!

Mister J a dit…

c' est vrai que zola, m'a toujours foutu le bourdon...
je me souviens de mon petit frère que je pendais un jour par les pieds car il venait d'avaler deux berlingots qui l'étouffaient...
je préfère me cultiver par le biais de l'apiculture toutefois...

Odette Amo a dit…

Donc, en résumé, cacher la misère humaine aux enfants et les enfermer chez les bisounours... Ils seront bien mieux préparés à la vie ainsi. Intéressant.