24 décembre 2008

Chemato, la biopic


Nous sommes au début des années 70, M. et Mme Chemato attendent un heureux événement mais voilà: Mme Chemato, adepte des techniques en vogue à cette époque, accouche dans l'eau et le petit Chemato boit la tasse avant même de pouvoir crier. Cela crée un traumatisme immédiat dans le petit esprit chematique en formation dont nous reparlerons plus tard. Néanmoins, il brandit déjà un poing rageur vers le ciel et s'il ne râle pas, c'est d'abord parce qu'il n'a pas encore les mots pour le faire mais aussi parce que s'il le fait, il boira une autre tasse. Pas con. L'oeil résolu ne trompe pas, ce petit bonhomme de bébé fera son petit bonhomme de chemin sur cette planète.

Le petit Chemato grandit et fait l'apprentissage de la vie. A l'école, certains ateliers ne se passent pas bien. Des docteurs de Genève, de Bratislava, de Londres se succèdent mais ne parviennent pas à se prononcer sur l'origine du handicap du jeune élève. En effet, il rate systématiquement le test de la maison avec la cheminée qui fume. Le plus étonnant pour les praticiens, c'est qu'il rate même les tests de la main peinturlurée sur la feuille blanche. A chaque fois, sous les regards compatissants de ses jeunes camarades qui ne manquent pas de l'encourager, c'est l'erreur bête: la main glisse, ripe et salope tout. C'est con.

Voici la réalisation d'une jeune camarade de classe à l'époque des faits qui avait proposé à Chemato qu'il la signât à sa place pour pouvoir enfin offrir un dessin à ses parents. Chemato avait refusé en laissant éclater un vibrant "Mais ce serait de la triche commême ! Quid de la société si tout le monde y faisait co'ça ?!" Ses parents n'eurent jamais de dessin de maison avec la fumée qui sort de la cheminée.
Merci quand même Manon.


Puis ce fut l'adolescence et la véritable naissance au monde. Chemato s'enferme dans sa chambre et commence à prendre soin d'un corps qui se transforme. Bien sûr, il fait face à de petits désagréments mais après avoir regardé dans un dictionnaire le sens du mot acné -qu'il prenait jusqu'alors pour une technique bavaroise de nage sous l'eau-, il décide de réagir. Il ne croit pas aux produits pharmaceutiques et tient de ses racines auvergnates un sérieux sens de l'initiative et un doigté sans pareil.

Attention, ces images ont été réalisées par Chemato lui-même et peuvent choquer les publics les moins avertis.







Il parvient à force de patience et de dextérité à surmonter ses problèmes de peau et s'engage dans une vie trépidante faite de voyages, de barrages à construire et de dialogues intéressants avec les castors. C'est là qu'il apprendra notamment à faire et défaire des centaines de noeuds et qu'il découvrira que le coup de la patate sur les piquets de tente, ça ne sert strictement à rien. "Parce que si la foudre veut frapper à un endroit précis, y'a pas de raison pour qu'elle le fait pas," ajoute-t-il, déjà gorgé de cette jeune expérience nourrie d'un échange permanent avec la terre de ses ancêtres.





Chemato s'épanouit en collectivité et il sait mener ses troupes. La politique s'impose naturellement à lui. Il bascule définitivement dans l'engagement citoyen au détour d'une belle matinée. A la télévision, pendant qu'on lui prépare des crêpes au Nut', il découvre un homme qui deviendra vite son mentor. Il est électrisé. Il est prêt à recevoir le message, un peu comme Moïse en son temps. Toutefois l'histoire ne dit pas s'il a fini par manger sa crêpe. Les témoignages de voisins concordent pourtant: il semble que oui.





Ce seront dix années d'engagement politique jusqu'au jour où l'OM devint champion d'Europe. Après, sans raison, il s'est mis à soutenir Valenciennes. Dans son entourage, on n'a toujours pas compris pourquoi. La vie politique venait de perdre un de ses enfants les plus prometteurs. Il changea également de marque de baskets du jour au lendemain.



Un soir c'est l'accident bête: il laisse sa chaîne stéréo cafetière
tondeuse four à pain branchée sur le mode réveil. Il n'est pas là, l'alarme se déclenche, la musique est à fond, c'est du Cabrel repris en moldave rapé. Les voisins appellent les pompiers qui interviennent aussitôt en brisant une vitre pour mettre fin au vacarme. Chemato, arrivé un peu plus tard sur les lieux, découvre le désastre... ...et la facture. Il accuse le coup. S'ensuit alors une période de doute où Chemato se heurte à l'incompréhension de ses amis qui ne cessent de le questionner sur cet incident. Pourquoi de la musique si fort dans un quartier tranquille ? Pourquoi Cabrel ? Et surtout pourquoi la version moldave rapée ?
Ses voisins arrêtent de lui dire bonjour. Au boulot, il semble lire sur le visage de ses collègues et de ses élèves ces questions récurrentes. Alors, il se précipite dans un bar et bien sûr tout devient plus facile. Pas d'eau, non: son premier souvenir de bébé est encore trop proche. C'est l'alcool qui lui apportera ce que les humains lui refusent. Le piège, quoi. Là où d'autres se pochtronneraient à la 8°6, ce grand seigneur choisit pourtant de célébrer la Champagne historique dans des bacchanales quasi quotidiennes. Ses compagnons de beuverie le surnomment bien vite, non sans une certaine ironie taquine dont on raffole dans les brasseries du quartier, "le garde du seau".

Un jour, après une chute de Vélib' dans une côte qu'il avait sous-estimée, c'est le déclic. Alors qu'il est à terre et que les témoins de la scène -sobres, eux- accourent auprès de lui pour lui porter secours, une voix cosmique lovée dans un petit halo de lumière lui dit: "Tu ressusciteras le mouvement des jeunes Giscardiens car cela est bon ! Tu feras régner la paix et la sécurité sur le chaos car cela est bon ! Tu seras toujours à l'heure à tes rendez-vous car l'exactitude est la politesse des rois et je suis ton roi et tu installeras mon royaume car cela est bon ! Propage ma parole et tu auras ton poids en tartes au citron meringuées à chaque fin de semaine car cela est bon !"


Depuis, l'ancien "garde du seau" a retrouvé des bases saines, il s'est mis au sport, ne boit plus que de rares demis sans conviction et parcourt la capitale pour défendre les couleurs de son poulain. Il chine des affiches dans les brocantes et les vide-greniers et les placarde dans les artères passantes. En SDP, personne n'ose rien lui dire car tout le monde est bien trop heureux de le voir de nouveau épanoui.

Ah oui, il s'est récemment mis à l'accordéon, aussi. Grand bien lui fasse.


11 commentaires:

chemato a dit…

Je tiens à dire que malgré l'utilisation de quelques éléments tirés de mon expérience que je ne dévoilerai pas, cette biopic, contrairement à la précédente est "librement romancée" comme dit le jargon.
La preuve (parmi d'autres), je n'ai jamais soutenu Giscard, j'ai toujours bien réussi mes maisons avec cheminée.

Mme RIVEMALE a dit…

L'alcool, l'appel d'une force supérieure, le retour dans le droit chemin, tout ça à des accents d'itinéraire "Bushiste"...

Heureusement les similitudes s'arrêtent là : on n'a jamais vu Chemato délaisser une tarte au citron pour risquer s'étouffer avec un bretzel !

chemato a dit…

Je crois que l'attaque de dam Nut est bien plus dure que toutes les précédentes.
Décidément aucune trêve de Noël!

lepaysdesreves a dit…

Je suis morte de rire...
(La scène du bubon est monstrueuse!!!)
Il manque quand même un moment important dans la vie de cet être extra-ordinaire: ses passages répétés dans les jeux télévisés...Mais Keskiladutalent...
Joyeux noël!

Mme RIVEMALE a dit…

Nooonnnnnnnnnn !
Je voulais pas paraître dure !!!! C'est ma façon à moi d'être tendre au contraire ...

Vraies grosses bisess à tous !
Et un bisou particulier à Chemato spécial "vache sacrée" pour me faire pardonner !

zapata a dit…

Je trouve cette biopic trempée dans le vitriol. De plus, elle est, me semble-t-il, incomplète. Trois grandes questions restent sans réponse :
1/ Chémato s'entraîne-t-il pour entretenir sa souplesse légendaire ?
2/ Quand a débuté son amour inconditionnel pour la géographie ?
3/ Comment fait-il pour expulser deux élèves des Tilleuls chaque année ?
La biographie reste donc incomplète mon cher Keski !

lepaysdesreves a dit…

Vous z'êtes pas toujours d'accord mais là, vous l'êtes avec Valse avec Bachir, n°1 lecteurs et rédaction de télérama...

chemato a dit…

Ca me tue, je suis même d'accord avec télérama.

zapata a dit…

C'est historique pour la première télérama est en accord avec ses lecteurs ! Je pense tout de même que je changerai mon classement aujourd'hui, Two lovers est vraiment magnifique et le dernier film des frères Cohen est hilarant

Anonyme a dit…

Merci maintenant à toi Keski pour quelques larmes de rire et un cri de dégout!!

Mister J a dit…

SPLENDIDE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!