02 octobre 2010

l'impossibilité d'une île

Personnage agaçant, délit de sale gueule, propos provoquants et gratuits... Non, ce que j'aime chez Houellebecq, ce sont ses romans... Je ne peux pas dire que c'est "une joie" de lire un nouveau livre de lui, mais c'est toujours une attente, c'est certain... Et on en attend beaucoup.
Le héros de "La carte et le territoire",lui, n'attend rien ; évacué donc le problème de l'espoir et donc du désespoir possible ; pas de pathos, pas de plainte narcissique, il est une sorte d'Etranger des temps modernes, décroché de l'envie, simplement parfois bousculé par un chauffe-eau qui tombe en panne un 15 décembre, par une jolie femme qui lui fait avoir une bandaison exagérée ou par les cartes Michelin des départements français.
On retrouve un peu les hommes de l'Extension du domaine de la lutte ou des Particules élémentaires (comment ce livre a pu ne pas avoir le Goncourt???), avec en prime une mise en fiction de Michel Houellebecq lui-même qu'il n'épargne pas plus que Drucker ou Beigbeder (grand fan de l'auteur depuis le début)...
Je ne sais pas si il est précurseur, mais il est certainement reconnaissable entre tous et unique en son style.
(à lire quand il ne pleut pas)

Extrait:
" Jed n'était pas jeune, il ne l'avait à proprement parler jamais été ; mais il était un être humain relativement inexperimenté. En matière d'êtres humains il ne connaissait que son père, et encore pas beaucoup. Cette fréquentation ne pouvait pas l'inciter à un grand optimisme, en matière de relations humaines. Pour ce qu'il avait pu en observer l'existence des hommes s'organisait autour du travail, qui occupait la plus grande partie de la vie, et s'accomplissait dans des organisations de dimension variable. A l'issue des années de travail s'ouvrait une période plus brève, marquée par le développement de différentes pathologies. Certains êtres humains, pendant la partie la plus active de leur vie, tentaient en outre de s'associer dans des micros-regroupements, qualifiés de familles, ayant pout but la reproduction de l'espèce; mais ces tentatives, le plus souvent, tournaient court, pour des raisons liées à "la nature des temps", se disait-il vaguement en partageant un expresso avec son amante (...)

4 commentaires:

lepaysdesreves a dit…

ps : le prochain livre que j'ai envie d'acheter (depuis ce soir) s'intitule "L'amour est une île" (Claudie Gallay).... mais je faisais référence à l'avant dernier livre de l'auteur, "La possibilité d'une île"...Je le signale car je trouve que la coïncidence est jolie.

zapata a dit…

Je réitère ce que j'ai déjà dit, Houellebecq est un sale type et le côté écrivain provoc' n'excuse pas son islamophobie à la limite du racisme ou son attitude narcissique qui le pousse à mépriser tout le monde ! Par contre l'extension du domaine de la lutte est très juste et Plateforme où il dénonce le tourisme sexuel en anticipant les attentats de Bali est extraordinaire.

Keski Lapadila a dit…

Extrait rigolo


(euh... ...nan, rigolo c'est pas le mot en fait).

Anonyme a dit…

en compensation de l'impossibilité d'une île, l'homme compense en partageant un expresso avec l'amante...je pense que si c'était l' aimante, il aurait refusé l'expresso et se serait contenté de l'impossibilité de l'île. Histoire de ne pas brader...