01 février 2010

Toussaint: fête du vivant

Fort connu, j'ai pourtant longtemps attendu avant de lire un livre de cet auteur. En effet, Jean-Philippe Toussaint est "le" chouchou actuel de la critique littéraire "intello", et cela m'agaçait d'avance, me donnant un a priori négatif sur son oeuvre (même a priori que celui que j'ai parfois avec les romans dits "populaires"... mais bon, je suis pleine de contradictions...)
Et puis là, entre deux coups de pinceaux, je me suis laissée tenter à la médiathèque de Tongeron par "Fuir", publié en 2005 aux éditions de minuit (maison reconnue pour ses choix rédactionnels un peu élitistes...d'autres diront sans concession...).
Bref.
Je cède, je rends les armes et les préjugés... Cet auteur a réellement un style, une sorte de vision subjective aigue, qui pique à interval régulier tout en donnant l'impression au lecteur que rien n'a été dit. Une sorte d'acupuncture de l'écrit.
Aucune sensiblerie, une fulgurance dans le choix des détails... L'intrigue est un fil, à peine une histoire : un homme part en Chine pour remettre une enveloppe à un certain Zhang Xiangzhi assez mystérieux ; il fait la connaissance d'une femme tout aussi curieuse, et reçoit en pointillés des signes de Marie qui lui parviennent de l'autre bout du monde. Marie qui pousse l'originalité jusqu'à venir à l'enterrement de son père en tenue d'équitation.

extrait:
"(...) Et il m'apparut alors en les regardant manger en face de moi que, chaque fois que l'un ou l'autre déplaçait le plateau pour rapprocher un plat de ses baguettes, il composait en fait une nouvelle figure dans l'espace, qui n'était en vérité porteuse d'aucun changement réel, mais n'était qu'une facette différente de la même et unique réalité. Et, tendant le bras pour me mettre moi aussi de la partie, je saisis le bord du plateau et le fis tourner lentement entre nous au centre de la table en me demandant quel serait le nouvel agencement de la réalité qui nous serait proposé - car je n'étais peut-être pas au bout de mes surprises."

Moi je dis qu'il y a de l'Auster sous ce Toussaint là...

4 commentaires:

chemato a dit…

En tout cas, je suis bien content de voir revenir la rubrique littéraire...
Le Brevet Blanc a respecté la tradition: toujours des sentiments en français, toujours une coquille en histoire!

chemato a dit…

Qui a dit "les gens irremplaçables remplissent les cimetières"?
Quelqu'un qui n'avait pas eu l'occasion de te connaître cher Pays. En effet, tu es littéralement irremplaçable!

zapata a dit…

Un bon point pour Chemato, tant au niveau littéraire que pédagogique on ne peut combler le vide (Rectorat compris) ! Dois-je avoué que je lis du Jean-Christophe Rufin ?
Et Chefaillon doit absolument passer en conseil disciplinaire avoir donner les réponses aux élèves, je suis meurtri !

Mister J a dit…

Je croyais que tu n' étais pas sensible, ou plutôt fuyante vis à vis de toutes ces médecines parallèles comme l'acupuncture ???

Je rentre dans la cage aux oursons.

Bise.