Par facilité ou par manque de temps, j'ai lâché le fil des mots.
Ou presque...
parce que je ne peux pas passer à côté d'un nouveau livre d'Adam.
Le Coeur Régulier reprend un thème de ses débuts: la perte du frère, de l'alter ego parfait que l'on a laissé s'éloigner à coup de vie bourgeoise et rangée. Pour le retrouver un peu, savoir ce qu'il était parti chercher au loin, Sarah va fuir au Japon, hébergée par un homme qui rattrape les gens au bord des falaises.
Même sujet, oui, mais l'écriture a évolué, la phrase est moins sèche qu'auparavant, emportée par le rythme marin, et le récit laisse la part belle à de longues descriptions de paysages, miroirs de l'âme des personnage. L'eau et le vent, la forêt et le sable s'allient pour endiguer le coeur à vif.
" Je commande une bière pour commencer, après quoi je dînerai d'une daurade grillée, calme et paisible, dans cette respiration longue, profonde et légère qui m'est offerte depuis le début du séjour. Comme si je m'étais fondue dans la tiédeur, le repos, la langueur qui flotte dans l'air. Depuis mon arrivée, les journées passent sans dureté, sans accrocs, sans à-coups. Ce sont des jours souples et lumineux, des heures cachées dans les calanques où mes mains caressent la surface lisse des pierres chauffées, les yeux brûlés par la lumière d'or tombant sur l'eau turquoise, transparente, d'une tendresse inouïe."