20 février 2011

Salles obscures

Voilà le premier dimanche depuis bien longtemps où le traditionnel mémento, conclue par une critique cinéma éclairée, ne marque pas la fin de notre doux week-end.
Devant cette absence insoutenable, j'ai décidé de reprendre le flambeau de Mme Lapin pour cette semaine uniquement !
Je commence d'emblée par le meilleur. Un film méconnu, loin des têtes d'affiche surmédiatisées et pourtant... L'histoire débute sur le drame de jumeaux (un frère et une soeur), québécois d'origine libanaise, qui gèrent la succession de leur défunte mère. Celle-ci leur a légué deux lettres, une à leur frère (dont ils ne connaissaient pas l'existence) et une à leur père ( déclaré mort lors de la guerre civile au Liban).
Le film conte à la fois le voyage initiatique de deux jeunes adultes à la recherche du passé familiale et le parcours de leur mère, une chrétienne libanaise plongée dans l'horreur d'une guerre civile.
C'est une tragédie grecque qui n'épargne personne, viol, torture, inceste, mensonges. Chaque révélation offerte aux jumeaux nous plonge un peu plus loin dans l'horreur. Un film splendide sur les souffrances inouïes qu'engendrent les conflits armés (le réalisateur laisse pendant longtemps le flou sur le pays d'origine: Palestine ? Liban ? Israël ?).
On ressort de la salle en ressassant ce parcours terrible et bouleversant, à voir absolument !


Le film dont tout le monde a entendu parler. Taillé sur mesure pour une surdouée du cinéma, la belle et talentueuse Natalie Portman. L'univers de la danse classique est décrit à grand coup de clichés, l'anorexie, la concurrence pour le premier rôle, le metteur en scène plus ou moins libidineux et sain d'esprit (Vincent Cassel est très bien dans ce rôle).
La jeune ballerine est perfectionniste et studieuse, capable d'interpréter à merveille le cygne blanc du Lac des cygnes que l'opéra organise. Malheureusement , elle doit aussi interpréter le cygne noir (symbole un peu facile du vice et de la perdition) qu'elle est incapable de comprendre et de ressentir.
Le surmenage et le stress la font basculer du côté du cygne noir et dans une forme de schizophrénie (marquée par des images gores proche du film d'horreur). Va-t-elle surmonter ses crises et réussir son entrée dans le grand monde de la danse ? L'interprétation de Natalie Portman a été encensée à juste titre, le film reste cependant trop caricatural. Un bon moment, une performance réelle (et sûrement oscarisée) mais un film non abouti.

Le dernier Eastwood, certains contributeurs (et Mme Lapin en personne !) ont déjà vu et commenté cette déception. Trois histoires entrecroisées et inégales sur la mort et ce que les monothéistes appellent l'Au-delà. Pour être concis la partie française est imbuvable et Cécile de France n'a pas été inspirée en se laissant entraîner dans cette galère ! La partie américaine est sauvée par un brillant et torturé Matt Damon, mais cette histoire de médium reste peu convaincante. enfin, Clint louche fortement sur Ken Loach dans une partie londonienne plus réussie.
J'espère comme beaucoup que cela ne sera pas son ultime film qui reste un voeux pieux sur l'idée d'une vie après la mort, pas si terrible à accepter et qui permet de partir libéré et serein.

Le roi Georges V Angleterre a deux fils, le futur Edward VIII volage, décadent et aux relations douteuses (il finit par se marier avec l'ancienne maîtresse de Ribbentropp ministre des affaires étrangères du Fürher !) et le duc de York (futur Georges VI) qui est malheureusement bègue.
L'histoire du combat de ce roi malgré lui contre son handicap est extraordinaire. Geoffrey Rush
(qui joue un orthophoniste très spécial) donne la réplique à un Colin Firth excellent, leur duo est tellement satirique et émouvant que l'on se croirait au théâtre !
Évidement, un film historique ne pouvait échapper aux critiques d'un historien tatillon. J'ai d'abord remarqué le trop jeune âge d'Elizabeth (la fille de Georges et Queen actuelle) qui finit tout de même la Seconde guerre mondiale en tant qu'infirmière.
Le vrai anachronisme est de voir dès 1934 des Anglais s'inquiéter des bruits de bottes outre-rhin annonciateurs de l'apocalypse à venir. Une seule scène est réellement remarquable, le pauvre Georges VI (effrayé à l'idée d'être surnommé Georges le bègue !) admire un discours d'Hitler à Nuremberg : "Je ne sais pas ce qu'il raconte, mais il le dit bien !" une réplique qui symbolise l'aveuglement des Britanniques face à un régime dont ils n'ont pas saisi la nature.
Un très bon film en somme qui aborde le changement de paradigme dans la vie politique des années 30, l'apparition des médias de masse (radio puis cinéma) obligent un changement de pratique et de communication. La monarchie britannique balbutie et bégaie devant cette nouvelle ère !

3 commentaires:

Keski Lapadila a dit…

"Le Discours d'un roi" est un beau film, très bien joué, à recommander effectivement...
Ici, le discours original:

http://www.youtube.com/watch?v=DAhFW_auT20

Anonyme a dit…

moi, j'ai vu le film avec Natalie Portman. Je pense qu'il risque de passer culte, mais j'ai été gênée par les mêmes choses que dans "Requiem pour a dream"; c'est à dire les effets de peur gratuits, l'hystérie de la mère (qui m'a fait pensé au personnage de Girardot dans "la pianiste").
Mais quelle mise en scène!!!vraiment géniale!

Neige ensablée a dit…

"Incendies"... J'en ai encore mal au ventre. Heureusement que la langue libanaise adoucit relativement l'ambiance de ce film. A voir.